Faire du caniVTT avec son chien
Le caniVTT est un sport canin de traction. Cela consiste à faire du VTT avec son chien qui tracte le vélo. Il est relié par une ligne de trait au VTT.
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir le témoignage d’une grande championne de caniVTT : Anne Fulleringer.
Je vais donc laisser Anne se présenter, nous raconter ses expériences en caniVTT et elle va également vous donner de super conseils pour débuter ce sport !
Quand j’ai adopté Musher, j’ai nourri l’espoir qu’un jour nous partagerions de jolies sorties en canivtt mais Musher est une labrador fan d’eau et définitivement allergique aux sports de traction. Je laisse donc la parole à THE experte en canivtt, multi championne : Anne ! Qui de mieux pour vous parler préparation physique des chiens, de matos de canivtt et de chiens, W’ouf course. J’ai dévoré son interview avec un plaisir immense car je retrouve chez elle un amour inconditionnel et un respect profond du chien comme je les partage.
Si vous êtes déjà un habitué de caniVTT je vous conseille également de lire les conseils d’Anne Fulleringer à propos du caniVTT en compétition.
Le quotidien d’Anne et de ses chiens
Je m’appelle Anne Fulleringer, je n’ai pas encore 40 ans, et je vis en Ardèche où je m’occupe de la prévention incendie dans une grosse industrie. Mais ma vraie passion c’est le caniVTT, un sport qui allie efforts physiques intenses sur un vélo tout terrain, sensations et pilotage, et surtout, de super moments de partage avec mes chiens.
J’ai 5 chiens à la maison:
– Nikita et Diabolo : 2 vieux husky de 12 et 14 ans qui profitent d’une retraite confortable et tranquille
– Nerka : 1 croisée braque et lévrier de 8 ans qui ne court plus en compétition mais m’accompagne encore lors de mes entraînements
– Tails : 1 croisée braque et lévrier de 5 ans qui est actuellement ma partenaire en compétition
– Tess : 1 croisée braque et lévrier de 1 an qui se forme actuellement et assurera un jour la relève
Mes 5 chiens sont avant tout des membres de la famille à part entière qui partagent avec nous, de manière un peu imposante parfois, un bout de notre canapé, qui nous suivent dans chaque voyage et qui font partie de nos vies.
Étant passionnée de VTT et souhaitant partager un maximum avec mes compagnons, que ce soit à la maison ou dans mes sorties « sportives », j’ai vite succombé au charme fou, à l’imagination débordante, au trop plein d’énergie des « greyster » (croisement braque allemand et lévrier Greyhound). Cela a été une révélation lorsque j’ai découvert ce croisement « spécial sport de traction canin » qui me correspondait en tout point !
Dans l’équipe, on est tous autant passionnés de VTT les uns que les autres. Lorsque les 3 croisées braque aperçoivent le VTT elles ne peuvent s’empêcher de hurler pour partir courir au plus vite, que ce soit en libre ou attelées devant le VTT !
Je partage également avec elles mes sorties courses à pied, les sorties paddle, les heures de jeux à l’eau en périodes estivales…
Elles sont toujours disposées à aller courir et jouer et quand je suis contrainte de rester à la maison lors de mes semaines d’astreinte alors elles me régalent avec leurs jeux et leurs petits délires dans le jardin : on ne s’ennuie jamais avec mes chiens !
Les entraînements de caniVTT
Nos entraînements varient beaucoup en fonction des saisons mais en moyenne les chiens courent 3 fois par semaine au harnais, un peu plus en périodes de compétitions, un peu moins lorsqu’il n’y a pas d’objectifs en vu, voire pas du tout en période estivale.
Les chiens débutent l’entraînement une fois la croissance achevée ce qui est variable d’un chien à l’autre. La compétition en caniVTT, en revanche, ne peut débuter qu’à partir de 18 mois.
Avant le début de l’entraînement il y a malgré tout bon nombre de choses que l’on peut apprendre à son chien et c’est aussi l’occasion de développer la complicité avec son futur binôme.
Les entraînements en caniVTT se réalisent très majoritairement avec juste un chien afin de pouvoir se concentrer sur lui, sur ses besoins et sur les petits signaux qu’il nous communique. J’enchaine ainsi les entraînements avec un chien différent à chaque fois, en prenant toujours le temps de bien s’échauffer et de faire un retour au calme dans le jeu pour chaque chien. Ces moments de partage, jeux et câlins sont super importants pour nous et les chiens sont demandeurs d’une attention exclusive.
En course, la priorité est donné à Tails, ma chienne en âge de courir. Nerka court également sur les petites courses, juste pour le plaisir.
Lorsqu’ils ne courent pas officiellement, ils sont malgré tout de la partie et participent dans tous les cas, en venant effectuer les reconnaissances de parcours par exemple. Cela leur permet de se défouler et de faire un peu d’activité même s’ils ne participent pas à la course.
Les chiens ont des plans d’entraînement spécifiques comme tous les athlètes. Ils ont des cycles de foncier, des cycles de force, des cycles de puissance… Le contenu des séances varie et s’adapte à chaque chien pour que son évolution soit progressive, adaptée à ses besoins et à nos objectifs.
Si le contenu des séances varie fortement d’un jour sur l’autre et d’un chien sur l’autre, dans tous les cas les entrainements débutent par une phase d’échauffement où le chien trottine, se promène, fait ses besoins, revient à mainte reprise me solliciter pour se faire mettre le harnais et dans tous les cas les séances d’entraînement s’achèvent par 20 à 30 minutes de jeux à l’eau ou à la balle, juste entre mon chien et moi.
Attention, on ne peut pas s’entraîner n’importe où. Il faut faire attention à ce que le terrain ne présente aucun risque pour le chien, afin d’éviter les blessures. Avec mes chiennes, nous évitons les parcours caillouteux qui pourraient blesser le chien et créer des entorses. On évite également les terrains trop abrasifs tel que les chemin bitumeux qu’on essaye de limiter, surtout si les chiens n’ont pas l’habitude et/on n’ont pas les coussinets suffisamment tanés.
J’évite également pour ma part les chemins trop pentus où le chien devrait fournir des efforts très difficiles à faible allure qui ne sont pas bien fun pour lui et pourrait le dégouter un peu, le plaisir de mes chiens étant toujours ma priorité lors de mes sorties caniVTT.
Faut-il faire du VTT avant de commencer le caniVTT ?
Je pratiquais le VTT en mode “loisir” avant de débuter le caniVTT. Il est important d’avoir quelques notions de base avant d’attacher un chien devant un VTT afin d’avoir déjà quelques réflexes et de pouvoir éviter quelques chutes qui pourraient faire peur au chien et créer quelques bleus au cycliste.
Outre la nécessité de maîtriser un minimum le VTT, la discipline a pour particularité le fait de se pratiquer avec un chien et donc elle nécessite de se concentrer sur l’animal qui, même bien éduqué, peut avoir des réactions parfois un peu imprévisibles.
Le pilotage peut être légèrement faussé par des chiens un peu puissants qui amène le VTT, notamment en courbe ce qui peut nécessiter un peu d’équilibre dans les portions les plus techniques.
La distance en compétition est assez courte puisque les parcours font généralement entre 4 et 7 km. Les vitesses sont assez variables en fonction des parcours et des chiens mais peuvent aller jusqu’à des vitesses de 35 km/h en moyenne. Pour maintenir ces vitesses il est nécessaire de fournir un effort très important derrière le chien, l’avantage étant que la concentration que l’on porte sur le chien nous aide souvent un peu à oublier nos petites douleurs musculaires, le coeur qui tape vite et fort et notre souffle court.
C’est un peu pour ces raisons que beaucoup de personnes se mettent ainsi au sport avec leur chien, pour le plaisir de partager une activité avec lui, mais aussi parce qu’une fois leur chien devant, ces personnes se retrouvent soudainement plus motivées et arrêtent de penser aux sensations parfois désagréables d’une activité sportive un peu soutenue. Faire du sport avec son chien est une réelle source de motivation.
Quel équipement pour pratiquer le caniVTT ?
L’équipement que l’on utilise pour pratiquer le caniVTT est spécifique aux sports de traction.
Le chien doit être équipé d’un harnais de traction prévu spécialement pour qu’il puisse tracter, sans que cela n’entrave le mouvement naturel des articulations du chien durant la course. Il existe différents types de harnais sur le marché et il est parfois un peu compliqué de trouver “LE” harnais adapté à son chien car en fonction des particularités physique de son chien, le choix du harnais peut changer.
La laisse qui relie le VTT au chien est une longe équipée d’un amortisseur afin que le chien ne subisse pas d’accoup lors des changements de rythme.
On utilise aussi très souvent des “barres de caniVTT” qui sont juste une petite tige passant au dessus de la roue avant du VTT et servant à guider la longe en limitant ainsi le risque de se retrouver avec une longe enroulé autour de la roue avant du VTT, ce qui peut provoquer de lourdes chutes. Si le chien est en traction constante et assez importante, il est possible de s’en passer bien que cela soit un élément de sécurité souvent imposé en compétition, mais c’est variable en fonction des fédérations.
Pour l’équipement des chiens j’ai la chance d’être équipée en Non-Stop Dogwear, une marque norvégienne de matériel canin que j’utilise depuis plusieurs années et que j’apprécie beaucoup.
Concernant l’équipement pour soi, le casque de VTT et les gants sont des indispensables que ce soit en VTT ou en CaniVTT.
Les précautions à prendre pour pratiquer le caniVTT avec son chien
Tous les chiens ayant terminé leur croissance et sans contre indications vétérinaires peuvent pratiquer le caniVTT même si certaines races de chiens sont moins adaptées à fournir de tels efforts physiques. La meilleure chose à faire est d’en parler à son vétérinaire avant de commencer le caniVTT avec son chien, afin d’avoir son avis médical.
Bien entendu, suivant les races il faudra s’adapter, accepter d’aller moins loin et moins vite peut-être.
Il faudra veiller à être très progressif dans l’effort en ne réalisant au départ que des distances très réduites et à allure modérée pour s’adapter au rythme du chien.
La pratique du caniVTT nécessite une vigilance constante afin de pouvoir réagir rapidement en cas de réaction imprévu du chien devant le VTT, il faut veiller à ne jamais aller au delà de ce que peut faire son chien dans de bonnes conditions.
En VTT, la vitesse peut vite devenir un peu soutenue, surtout si le terrain est roulant. Sans s’en rendre compte, on peut alors vite imposer un rythme un peu trop soutenu à son chien ou enchaîner les kilomètres sans s’en rendre compte.
Parfois le chien transmet des petits signes assez discrets qui peuvent alerter le cycliste derrière, mais cela implique que l’on soit vigilant et que l’on connaisse très bien son chien.
À la maison, Nerka à tendance à refuser de se mettre dans l’axe du VTT lorsqu’elle commence à fatiguer, Tess maintient son rythme mais ne relance plus, Tails se met à écumer mais court toujours et je dois être très vigilante qu’elle ne surchauffe pas durant l’effort. Il est très important d’apprendre à connaître son chien pour pratiquer cette activité.
Au niveau de l’alimentation, les chiens sont nourris matin et soir mais je veille à ce que le repas soit donné 2 à 3h avant un effort et au plus tôt 2h après un gros effort. Ce n’est pas agréable de courir le ventre plein, et donner à manger à un chien juste avant ou après un effort peut provoquer des retournements d’estomac. Cela peut s’avérer mortel pour les chiens donc il faut faire attention à bien espacer les repas et l’effort physique.
Le conseil que je donnerais à quelqu’un qui veut débuter le caniVTT et de se rapprocher d’un club de sa région. En effet, il est toujours préférable de bien débuter afin de ne pas faire subir de mauvaises expériences à son chien.
Dans tous les cas LA priorité doit toujours être le plaisir du chien et pour cela il faut rester calme, serein, même lorsque rien ne se passe comme prévu, et toujours s’adapter à son chien.
Il n’y a pas de mauvais chien, même si certains sont quand même bien moins motivés par l’activité sportive que d’autres, en revanche il y a un certain nombre de chiens à qui on a mal appris à aimer l’activité. Il ne faut pas que ce soit une contrainte pour le chien, il faut que cela reste un plaisir pour le cycliste comme pour le chien.
Woh, un grand MERCI à Anne pour ce précieux témoignage. Une belle leçon de vie et de sport et qui prouve qu’avec un chien à ses côtés on peut déplacer des montagnes. Qu’avec de l’amour et du respect, nos chiens sont de véritables trésors et bouleversent bien souvent nos itinéraires de vie. Et je ne peux pas dire le contraire car c’est Musher, ma chienne, qui m’a donné envie de créer ce site EmmèneTonChien.com et de rendre possible et facile de partir en vacances avec son chien ! Pour ma part pas de défi sportif mais la création d’une entreprise, d’une équipe, d’une communauté et de partenariats Trop W’ouf. Tout ça pour les beaux yeux et les douces oreilles de ma doudou d’amour.
Pour avoir des infos sur le caniVTT en compétition vous pouvez également consulter cet autre témoignage de la championne.
Si vous souhaitez contacter Anne ou suivre son parcours de plus près, allez visiter son compte Instagram @anne_fulleringer