Faire le Tour du Mont Blanc avec son chien
Pour tous les aficionados de rando, TMB sont les initiales d’une randonnée mythique qu’il faut faire au moins une fois dans sa vie. Ça résonne comme le GR20, la celèbe randonnée qui traverse la Corse.
Le TMB c’est le Tour du Mont Blanc: 3 pays traversés (France, Italie et Suisse) avec 10 000 mètres de dénivelés pour 170 km environ de découverte sur 7 à 10 jours de marche.
C’est un itinéraire de randonnée que l’on peut entièrement faire avec son chien; si vous suivez le même parcours qu’Hina et Maryon. Il y a tout de même une exception: la réserve des aiguilles rouges, totalement interdite aux chiens. Vous pourrez passer cette étape en TER…
Avant de vous raconter le tour du Mont Blanc d’Hina et Maryon, laissez-moi vous les présenter. Hina est une petite border collie que Maryon a adopté grâce à l’association BorderLineCollie. Jeune chienne, elle est sportive et endurante déjà. Depuis petite, elle suit en libre les entraînements canicross de Wally et Maryon, son autre border. Maryon est une infirmière de 26 ans fondue de canicross! Elle fait partie du club de canicross “Afondchien, l’assoc’ des chiens qui s’bougent” à La Rochelle. Maryon n’est pas partie seule, Clément les a accompagnées dans cette aventure.
Pourquoi le TMB avec un chien?
Depuis longtemps, Maryon avait envie de faire le TMB avec Wally, son border mâle de 4 ans. Elle avait imaginé ce projet plusieurs fois sans réussir à le programmer. Il y a quelques mois, Maryon a perdu Wally. “ J’ai vécu une grande perte, beaucoup de colère et de tristesse en perdant mon ami, mon binôme de canicross et mon compagnon de vie… mon Wally. J’ai décidé de faire ce que je savais faire pour combler ce vide… j’ai marché… C’était ma façon de gérer mon deuil. ” Suite à cet évènement, Maryon a décidé de partir cet été. Elle avait grand besoin de se lancer dans ce défi.
Le grand défi
Partir pour 7 à 10 jours de marche en pleine montagne est un vrai défi! Cela suppose d’avoir un entraînement spécifique pour l’humain comme pour le chien, d’avoir du matériel adapté, d’avoir étudié son itinéraire… bref de ne surtout pas partir à l’arrache!
Ça fait plusieurs mois que je me questionne sur cette randonnée: savoir si j’en serai capable, si Musher en sera capable, comment bien nous y préparer, quelle logistique mettre en place pour se ravitailler, comment gérer l’eau sur plusieurs jours de marche, où dormir…. Bref, des dizaines de questions qui m’empêchent de franchir le cap. Maryon a accepté d’y répondre et nous livre son expérience du TMB. Mais attention, randonner avec son chien, ça ne s’improvise pas. D’ailleurs, vous retrouverez nos conseils dans l’article du même nom sur le Mag’ du site !
Tout d’abord, il faut savoir que cette randonnée peut se faire dans le sens des aiguilles d’une montre (sens suivi par Hina et Maryon) ou dans l’autre sens (sens classiquement présenté dans les guides qui décrivent cette rando). L’itinéraire est très bien balisé dans les deux sens même si en Italie et en Suisse, les balisages sont différents de ceux que l’on trouve en France. Il y a de nombreuses variantes possible pour augmenter les sensations…
Lorsque vous partez pour le TMB, vous partez randonner en haute montagne. La montagne c’est magique et incroyablement beau mais sur une dizaine de jour vous pouvez affronter des orages violents, essuyer des tempêtes de neige et brûler sous le soleil… Vous devez donc être équipé en conséquence et être en capacité de vite trouver un plan B si le temps se gâte. Ce qui signifie que vous devez avoir repéré méticuleusement votre itinéraire. Ne vous lancez pas dans ce genre de défi sans aucune préparation… Maryon a listé leurs étapes avec le kilomètrage et les dénivelés approximatifs.
Comment bien se préparer?
Avant de se lancer, Hina est passée chez l’ostéopathe canin ((Fazia Gfour de DogZenAttitude à La Rochelle) et chez son vétérinaire pour avoir leur accord pour cette aventure. Hina avait 14 mois quand elle a pris le départ du TMB, Maryon voulait être sûre que les efforts à fournir ne seraient pas importants pour son jeune âge.
Hina suivait tous les entraînements de cani-cross de Wally en course libre à côté. Elle avait donc une belle endurance. Habitant à La Rochelle, Hina est une chienne qui a la chance de pouvoir aller à la mer très souvent et ça tombe bien elle adore l’eau! Un mois avant le départ, elles ont fait plusieurs séances de natation dans l’eau de mer toutes les deux pour renforcer leur endurance. Maryon et elle avaient déjà testé plusieurs WE bivouac en forêt ou à la plage aux alentours de La Rochelle.
Marcher entre 10 et 17km par jour avec plusieurs centaines de mètres de dénivelés exige une condition physique affutée. Ce type de défi ne peut pas être proposé à n’importe quel chien (ni n’importe quel humain d’ailleurs). C’est bien pour ça que je me pose plein de questions sur Musher. Sportive, elle l’est! Mais aimera-t-elle marcher autant 7 à 10 jours d’affilé?? Nous avons déjà fait des randonnées avec bivouac sur un WE et j’avoue que le dimanche soir, elle n’est pas fatiguée, elle est épuisée… et moi aussi. Il faut en être capable physiquement et avoir un bon mental pour ne pas baisser les bras quand vous avez les guibolles en feu dans les pentes!
Lorsque vous partez avec votre chien vous formez une équipe: il faut absolument respecter le rythme et les capacités de chacun. Si vous sentez votre chien fatigué (reste en arrière, s’assoit dès qu’il le peut, moins d’entrain…): faite une pause! ou prévoyez un plan B. Maryon avait imaginé leur parcours en listant des étapes mais elle avait aussi listé des plans B au cas où Hina, ou elle, n’arrive pas à tenir le rythme. C’est ESSENTIEL! Pas la peine de dégouter votre chien de la randonnée. Ça doit rester un plaisir pour lui aussi! À ce sujet, pour aller plus loin, vous pouvez lire ou re-lire l’article “Randonner avec un chien, ça ne s’improvise pas“.
Maryon, en prenant conseils au près de ses connaissances, a appliqué une solution tannante sur les pattes de son chien pour préparer ses coussinets (en alternance un jour sur deux: Solipat et Dermoscent Biobalm).
Quoi emporter pour cette aventure?
Maryon a choisi de ne pas équiper Hina d’un sac de bats pour chien pour cette randonnée. Elle n’était pas sûre que sa chienne soit capable de porter ses affaires en plus des kilomètres à parcourir. Elle a privilégié le confort de sa chienne et a porté dans son propre sac les 2,5 kgs de croquettes d’Hina.
Maryon avait préparé une trousse de secours complète pour parer à tous les bobos d’Hina: Nutri-plus Gel de Virbac en complément alimentaire, Arnica en granulé homéopathiques en cas de blessures et gel Bawaw pour les massages sur les articulations. Régulièrement, Hina fait des cures d’huile de saumon et de pâte de curcuma. La pâte de curcuma a des propriétés anti-inflammatoires pour les articulations. Maryon l’a utilisée en prévention pour calmer les éventuelles courbatures d’Hina pendant la randonnée. Elle avait aussi glissé des chaussons pour chien dans la trousse, craignant les blessures aux pattes. Si vous voulez faire le point sur la trousse de secours de votre chien, vous pouvez lire ou relire l’article “la Trousse de secours de mon chien“.
Hina était équipée d’un harnais de traction short Zéro DC, qui ressemble fortement au harnais sport cross. Elles n’ont pas fait de canicross ni de canirando. Hina est restée libre tout du long. Le harnais semblait plus pratique pour Maryon lorsqu’il fallait rattacher Hina (portions chien en laisse obligatoire, croisement avec des groupes de marcheurs, croisement de troupeaux,…).
Ravitaillement et Dodo: c’est quoi le plan?
Côté ravitaillement, il existe de nombreux guides sur le TMB avec une liste détaillée de tous les endroits où vous pourrez acheter de quoi manger pour vous, humain!
Il est possible de trouver des croquettes dans les quelques commerces croisés dans les villages le long de l’itinéraire. Attention, changer de croquettes pour un chien peut avoir des conséquences sur ses intestins donc Maryon a préféré emporter les croquettes d’Hina pour éviter ce type d’ennuis. De plus, pour être sûre qu’Hina ai une alimentation suffisamment riche par rapport aux efforts à fournir, Maryon avait changé son alimentation plusieurs jours avant le grand départ pour choisir des croquettes “chien sportifs”. C’est que je ferai aussi pour Musher si on se lance prochainement.
Sachez que la plupart des refuges n’acceptent pas les chiens. Hina, Maryon et Clément ont donc privilégié le bivouac avec leur chien. Maryon nous a gentiment partagé la liste de leurs lieux de pause; vous pouvez la télécharger ci-dessous.
Hina et Maryon ont le mot de la fin
J’ai interviewé Maryon pendant plus d’une heure pour récolter toutes ces informations précieuses et vous partager leur aventure. Impossible de terminer ce joli récit sans qu’elle nous partage son meilleur et son pire souvenir avec Hina.
Commençons par le pire: après 4 jours de pleine montagne, quasi seuls au monde, ils ont rejoint un arrêt de bus qui devait les conduire à Courmayeur en Italie. L’arrêt était bondé, ils ont attendu le bus suivant. Rebelote: ils sont donc montés dans le bus : bondé, debout, dans une chaleur incroyable et un sacré brouhaha,… La transition a été violente. Hina a parfaitement géré la situation: elle s’est allongé et a regardé, étonnée, tout ce petit monde s’agiter autour d’elle. Maryon avait peur qu’elle se fasse piétiner…
Leur meilleur souvenir? Chaque arrivée en haut des cols a été magique: une vue incroyable et la fierté d’avoir réussi à monter! Le Grand Col Ferretest celui qu’elle a préféré.
Hina, Maryon et Clément ont vécu une magnifique aventure dans les Alpes sous le soleil! Ils en sont revenus avec des images magnifiques et des souvenirs plein la tête. S’ils ont pu le faire ensemble, c’est parce que les chiens sont autorisés tout le long du parcours (en respectant les consignes dans les zones protégées). Maryon a tenu à ce que je termine cet article en rappelant que c’est une sacré chance et pas seulement “normal”. Pour qu’ils restent autorisés sur cet itinéraire, il faut donc respecter les consignes sur place (en laisse près des troupeaux par exemple), respecter les lieux ainsi que les autres randonneurs.
Quant à Musher et moi, Maryon a répondu à toutes nos interrogations et nous a donné envie de nous lancer à notre tour! Nous avons donc un an pour nous entraîner, faire d’autres bivouacs et préparer notre itinéraire. Et vous: envie de vous lancer?
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